Compte prévisionnel
Le compte de résultat prévisionnel de la première année d’activité est particulier dans la mesure où il doit tenir compte du démarrage parfois lent de l’activité, et montrer que les besoins financiers estimés lors de la création de l’entreprise ne nécessitent pas dans la réalité des apports supplémentaires.
Le tableau des emplois et ressources a prévu le financement de la création de l’entreprise, encore faut-il que ces besoins n’augmentent pas au fur et à mesure du développement de l’activité.
Les comptes prévisionnels de la première année permettent justement de comparer les ventes avec les charges de fonctionnement et d’ajuster éventuellement les ressources de l’entreprise à ses besoins réels.
Exemple comptes prévisionnels
Compte prévisionnel 1er année | |||
Charges HT | Produits HT | ||
Achats de marchandises | 40.000 | Chiffre d’affaires HT | 90.000 |
CONSOMMATIONS COURANTES | |||
Electricité, eau... | 0 | ||
Fournitures de bureau | 500 | ||
Fournitures d’entretien et petits équipements | 300 | ||
SERVICES EXTÉRIEURS | |||
Loyers, charges locatives | 12.000 | ||
Assurances | 450 | ||
Entretien des locaux, du matériel | 0 | ||
Documentation | 50 | ||
AUTRES SERVICES EXTÉRIEURS | |||
Honoraires (expert-comptable, avocat...) | 1400 | ||
Timbres, téléphone | 200 | ||
Publicités, affiches, flyers... | 150 | ||
Frais de déplacement et de réception | 200 | ||
IMPOTS ET TAXES | |||
Contribution Foncière des Entreprises (CFE) | 650 | ||
Autres impôts et taxes (IS) | 0 | ||
REMUNERATIONS | |||
Rémunérations versées | 24.000 | ||
Charges sociales | 12.000 | ||
FRAIS FINANCIERS | PRODUITS FINANCIERS | ||
Intérêts d’emprunt | 0 | produits financiers | 0 |
Agios et autres frais de découvert bancaire | 0 | ||
Amortissements | 1.100 | ||
TOTAL CHARGES | 93.000 | TOTAL PRODUITS | 90.000 |
PRODUITS - CHARGES = RESULTAT | |||
RESULTAT = -3.000 |
Commentaires des comptes prévisionnels
Que dire de ces états financiers prévisionnels ?
Perte comptable
Tout d’abord, il faut rassurer sur le résultat net obtenu : une perte comptable n’est pas forcément une difficulté majeure, lorsqu’elle est anticipée...
Premier point : une perte comptable n’équivaut pas à un besoin de trésorerie. Dans le cas présent, la perte de 3.000€ tient compte de 1.000€ de charges d’amortissement. Or une charge d’amortissement n’est pas à payer, elle correspond simplement à l’usure des immobilisations acquises. Dans notre exemple, le besoin d’argent frais, pour éviter un découvert bancaire, est donc de 2.000€.
Mais là encore, on ne tient pas compte des délais de règlement clients et fournisseurs. Si les clients paient sans délai alors que les fournisseurs accordent en moyenne un crédit de 30 jours, alors l’entreprise disposera ici d’une trésorerie confortable malgré la perte comptable, apportée par le crédit fournisseur permanent.
Ensuite, perte comptable signifie absence d’impôt sur les sociétés (lorsque l’entrepreneur opte pour l’EIRL soumise à l’IS). Aussi, l’entrepreneur individuel a parfois alors intérêt à arbitrer entre rémunération personnelle et bénéfice imposable.
Dans tous les cas, le besoin de trésorerie doit être évalué et anticipé dans le tableau des besoins financiers précédemment réalisé (voir notre article précédent), de même que le besoin ou le dégagement de fonds de roulement lié à l’activité de l’exercice (notion également traitée dans ce précédent article).
Quelle rémunération se verser ?
La perte comptable aurait pu être évitée dans notre exemple en limitant la rémunération de l’entrepreneur. Ses cotisations sociales auraient diminué proportionnellement. Évidemment, le montant de ces cotisations doit être cohérent avec le taux des cotisations des entrepreneurs individuels.
Mais la rémunération de l’entrepreneur doit être suffisante avec ses besoins actuels pour que son business plan soit crédible. Ensuite, une rémunération trop faible ne permet pas d’acquérir autant de droits à la retraite.
Cohérence de la marge commerciale
Dans notre exemple, on obtient 90.000 euros de ventes pour 40.000 euros d’achat, soit une marge commerciale de 50.000 euros et un taux de marge de 56%. Ce taux de marge doit être cohérent avec les résultats obtenus par la concurrence et collectés lors de l’étude de marché.
De la même façon, toutes les charges d’exploitation doivent être cohérentes avec le business plan établi. Dans cet exemple en particulier :
– le loyer mensuel de 1.000€ charges comprises prévu doit correspondre à la fois aux besoins de l’entreprise et aux loyers constatés dans la zone géographique visée,
– les honoraires de 1.400€ sont ceux de l’expert-comptable,
– le montant de 650€ de CFE a été validé auprès des l’administration fiscale de la commune d’implantation.
Une entreprise a prévu les besoins financiers nécessaires à sa création. Mais ensuite, ces besoins peuvent augmenter. Cette augmentation de la trésorerie consommée par l’activité va apparaître dans les comptes prévisionnels de la première année d’activité.